Article de la Dépeche du midi du 12 novembre 2023
Comment un chef d’entreprise qui n’est pas issu du monde treiziste se retrouve à la tête du Toulouse Olympique XIII ?
C’est vrai que j’étais complètement extérieur au monde du XIII. Je l’ai découvert il y a deux ans en devenant sponsor du TO. Au départ, je suis plutôt footeux et mon fils joue au rugby à XV… J’ai même entraîné les plus jeunes à la vallée du Girou. J’ai pris goût au XIII tout simplement en allant voir les matchs. Il y a quelque temps, quand le club a connu des difficultés financières, Carlos Zalduendo, le fondateur de la Table ovale, m’a sollicité pour que je m’investisse davantage. En un an et demi, j’ai pu mesurer le potentiel du TO. Et puis j’ai d’excellents rapports avec Didier Lacroix le président du Stade Toulousain qui nous accueille à Ernest-Wallon et qui m’a encouragé. Un conseil de surveillance composé de seize chefs d’entreprise et décideurs, hommes et femmes, a donc été mis en place avec des représentants de la Région, du département et de la ville. Et j’ai été élu président.
Quelle est votre priorité ?
D’abord de donner un nouveau souffle au TO. Quand je vois la capacité de l’équipe première qui a lancé sa saison avec seulement dix-neuf joueurs et cinq jeunes du centre de formation, je me dis que c’est assez exceptionnel d’être allé jusqu’en finale, d’avoir en seulement cinq jours réussi à faire venir 8000 spectateurs au stade. Le XIII est bien ancré dans la région Occitanie avec un vivier de clubs autour de Toulouse. Les Dragons catalans sont une réussite à Perpignan. Je pense qu’avec le potentiel économique de Toulouse, on doit pouvoir construire sur le long terme. À nous aussi de travailler avec les clubs de XV, le Stade Toulousain, Colomiers… Dans la quatrième ville de France, l’axe de progression est exponentiel.
Le club a connu des difficultés financières: où en est-il aujourd’hui ?
Je ne vais pas faire de langue de bois: c’est vrai que nous sommes passés tout près du dépôt de bilan. Bernard Sarrazain (NDLR l’ancien président) a lui-même injecté de l’argent ainsi que les trois institutions, mairie, région et département. Sans les aides des collectivités et l’augmentation de capital, le club aurait disparu. Mais le financier reste très fragile. Quand on repart la saison dernière avec seulement dix-neuf joueurs en équipe première, c’était un choix économique. Cette année, nous aurons avec un budget équivalent entre deux et trois millions d’euros.
Sylvain Houlès restera-t-il coach de l’équipe ?
Nous attendons sa réponse mais il y a de grandes chances qu’il soit avec nous. Ce qui m’intéresse, c’est qu’il ait un regard sur tout le sportif : les jeunes, l’équipe en championnat élite, le centre de formation. Son expérience nous est précieuse. Cette année, on a perdu la finale mais je considère que ce n’est pas une défaite. Il faut s’appuyer sur ce socle. Tous les joueurs ont resigné sauf l’Australien Josh Ralph dont on se sépare pour des raisons économiques. Nous aurons trois recrues. Le souhait c’est d’avoir un maximum de jeunes joueurs français dans l’effectif.
Quel sera l’objectif sportif ?
La participation aux play-off est obligatoire. Mais l’objectif principal sera d’améliorer la note attribuée par IMG qui est de 12,97 et nous permet d’être classés dixième. La présence en Super League se jouera sur cette note : il faut rester parmi les douze premiers clubs en fin de saison 2024. À nous d’améliorer nos finances, la communication, la visibilité, les followers, l’affluence au stade et les performances. Ce sont les critères sur lesquels sont désormais notés tous les clubs. Et puis j’aimerais bien qu’on discute avec la fédération anglaise du coût des déplacements des équipes anglaises qui est à notre charge: c’est l’équivalent de 240 000 euros par saison pour payer les avions, l’hébergement et les transports en bus. C’est beaucoup pour notre budget. Il faut trouver un compromis intelligent avec la fédération anglaise.
« À moyen terme, nous souhaitons avoir notre propre stade »
Êtes-vous heureux au stade Ernest-Wallon ?
C’est un écrin formidable qui appartient au Stade Toulousain. C’est fantastique de pouvoir y jouer. Mais à moyen terme, nous souhaitons avoir notre propre stade. Le TFC joue au Stadium avec ses 32 000 places, le Stade à Wallon avec ses 20 000 places. Le TO a besoin de sa propre infrastructure de 6 à 8 000 places avec une brasserie, une boutique. Cette enceinte pourrait aussi accueillir les équipes féminines du Stade Toulousain et du TO. La convention actuelle nous permet de jouer pendant quatre ans à Ernest-Wallon. À nous de travailler sur ce futur projet.
Quel est le programme du club d’ici la reprise du championnat ?
Les Dragons catalans nous ont sollicités pour un match de préparation. L’entraînement des joueurs reprendra dans deux semaines et nous savons que le premier match de championnat est programmé le 17 mars. Mais on ne sait pas encore si ce sera à domicile. Dès que nous aurons le calendrier, on souhaite programmer des matchs délocalisés. On a vu l’année dernière l’engouement lorsque nous avons joué à Carcassonne et Albi, deux clubs que nous remercions pour leur accueil. On aimerait renouveler l’expérience en 2024.